Un décryptage des actualités de nos marchés, une interview, une offre d’emploi, notre dictionnaire : bonne lecture.

Le mot du Boss

POURQUOI LES PRIX DE CONSTRUCTION DEVRAIENT BAISSER ET NE LE FONT PAS. EPISODE 1 : L'ÉMERGENCE D’UN AUTRE MONDE.

Tout semble réuni pour que les prix de construction des sites industriels et logistiques - qui ont progressé de plus de 50% en moins de 2 ans - baissent drastiquement. J’utilise « semble » plutôt que « est » car je ne peux que constater que la réalité est tout autre. Et qu’il y a bien une raison qui me semble prédominer. Mais commençons par nous retourner quelques instants sur ce qui s’est passé ces dernières années et derniers mois. Episode 1.

De 1990 à 2021 (je n’ose pas remonter plus en arrière), les prix de construction ont très peu augmenté : +80% en 30 ans ce qui représente une moyenne annuelle inférieure à 2%. C’est très faible. Et même pendant les moments de « pics » d’inflation, que cela soit une période de croissance (2000, 2005) ou de rattrapage après trou d’air (2010), l’inflation a été contenue autour de 5% sans jamais dépasser 10%.

Pour prendre l’exemple du coût de construction d’un entrepôt standard, il est passé d’un peu moins de 300€/m² en 2000 à environ 400€/m² fin 2020, soit 1.5% d’inflation moyenne annuelle. On n’est pas très loin du « flat ».

Nous sommes entrés dans une autre période ces derniers mois, un « autre monde » dont je situe le déclenchement au moment de la seconde année de crise du COVID.

A cette période, les chantiers continuaient malgré la crise sanitaire, les acheminements de matériaux étaient (déjà) sous tension, la demande se maintenait grâce aux mesures de soutien des états (le fameux « argent magique » de l’excellent Marc FIORENTINO).

Une demande maintenue et soutenue, une offre contrainte, le cocktail parfait pour que les prix grimpent. Première étape.

Puis arrive la sortie du COVID, sa libération et ses déconfinements. Le grand rattrapage : une demande qui explose boostée par la consommation des ménages qui ont massivement épargnés pendant le COVID (merci l’argent magique) et la volonté des politiques (états et banques centrales) d’accompagner la reprise par des nouvelles mesures d’accompagnement et des taux directeurs toujours négatifs. Cela provoque des goulets d’étranglement, une demande qui monte au ciel et des offres qui ne peuvent pas suivre. Deuxième étape.

Vient alors la crise énergétique provoquée par l’agression de l’Ukraine par la Russie qui enclenche (presque) instantanément une hausse des coûts de l’énergie et de certaines matières premières (comme le blé ou le pétrole). Amplification de l’inflation. Troisième étape.

La demande se maintient même si elle présente quelques signes de ralentissement (hésitations, décalages, etc.).
Les coûts de construction explosent, en particulier dans l’industrie et la logistique, pour augmenter de 58% entre mi-2021 et début 2023, soit une croissance annuelle supérieure à 30% !
Un tout autre monde.

A suivre dans l’épisode 2 : l’explication. Mon explication.