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Le mot du Boss

POURQUOI LES PRIX DE CONSTRUCTION DEVRAIENT BAISSER ET NE LE FONT PAS EPISODE 2 : MON EXPLICATION.

La surinflation nous amènerait à la catastrophe si elle perdurait. Les banques centrales ont fini par réagir en remontant progressivement les taux directeurs pour ralentir la demande et provoquer l’étouffement de la hausse des prix. L’activité commence à ralentir. La demande s’amenuise. En parallèle, les coûts des matières premières et de l’énergie retrouvent peu ou prou leur niveau d’avant crise. Même le coût du transport maritime (avec impact direct sur les prix des matériaux) est revenu au niveau d’avant-COVID.   Une demande qui fléchit, une offre qui se détend. Les planètes s’alignent pour que les prix baissent. Les coûts de construction auraient dû naturellement s’effondrer. Ce n’est pas du tout ce qu’il se passe. Pourquoi ?

Je vois au moins une explication qui explique cette résistance des prix. Une raison qui est en fait une combinaison de 2 facteurs : 1/ le rattrapage de marge et 2/ une évolution (saine) du rapport de force fournisseurs/clients. Je m’explique.

En période de petite inflation, les entreprises de construction acceptaient – sous la pression – des marges (trop) faibles.
Avec les crises récentes, les prix de construction ont augmenté pour des causes réelles et reconnues par le marché.
Ce qui est nouveau est que les clients l’ont accepté. Ils ont tenté de résister mais ont fini par céder car ils n’avaient pas le choix. Et avaient suffisamment de réserve de marge pour l’absorber.

Et c’est là que ça devient intéressant.

Alors que les conditions permettent de retrouver des prix de construction d’avant crise, les entreprises de construction ont découvert (avec surprise) la possibilité d’améliorer leurs marges sans que cette augmentation ne fasse baisser significativement la demande de leurs clients.
Et cela touche toute la chaîne, du sous-traitant au contractant général en passant par l’entreprise de maçonnerie et le fournisseur de carrelage.
Et ça marche, alors pourquoi y renoncer ? Je vous le dis : un autre monde !

Cet autre monde existait déjà mais dans d’autres secteurs privilégiés, ceux qui ont la capacité d’augmenter leur prix sans impacter la demande comme le luxe (qui a surperformé en 2022), les matières premières essentielles ou le pétrole.
Il s’applique aujourd’hui à la construction, ce qui me paraît sain et plus durable car – toujours selon moi – il permet une répartition plus juste de la valeur en fonction de la responsabilité de chacun. Même si cela freine la baisse de l’inflation.

Cet autre monde est-il le nouveau monde ?
Je crains qu’il ne résiste pas à une crise économique sévère, dans le cas où le rythme de remontée des taux provoque une chute trop brutale de l’activité. Aux gouvernements et aux banques centrales de piloter finement pour dompter l’inflation puis relancer l’activité en douceur de sorte que les nouvelles pratiques vertueuses soient préservées.